• A.A.P.P.B.L.B

    FRAYÈRE D’ALOSES SUR LA CREUSE – DESCARTES

    © MATHIEU BODIN

  • A.A.P.P.B.L.B

    ALOSE PÊCHÉE AU FILET-BARRAGE – AMBOISE

    © MATHIEU BODIN

  • A.A.P.P.B.L.B

    ANGUILLICOLA CRASSUS DANS UNE VESSIE – MONTJEAN-SUR-LOIRE

    © MATHIEU BODIN

Découvrez les poissons migrateurs du bassin Loire-Bretagne et nos collaborations pêcheurs-chercheurs

Expertise Migrateurs

Parce que les poissons grands migrateurs sont le reflet de la bonne santé des cours d'eau, suivre l'évolution de leurs populations et celle des facteurs de pression est essentiel pour activer les meilleurs leviers de gestion.

Renforcer cette expertise est une de nos priorités, d'autant que le contexte hydro-climatique et les déséquilibres biologiques appellent à une vigilance accrue et un fort degré d'anticipation et de discernement. En collaboration avec la communauté scientifique (MNHN, Université de Tours, EPTB Vilaine ...), les pêcheurs professionnels mettent à profit des techniques spécifiques d'échantillonnage pour enrichir les connaissances en termes de taux d'exploitation de la pêcherie, de conditions de migration, d’estimation des populations entrantes, de pertes en ligne ou de prédation.

Poissons migrateurs

Les poissons migrateurs, de par leurs cycles de vie complexes et longs, sont le reflet de la bonne santé des cours d’eau. Alternant leurs séjours entre les eaux douces et salées pour l’accomplissement des différentes phases (grossissement, reproduction) et pour certains remonter les cours d’eau sans se nourrir (sur une durée de plusieurs mois) et franchir les nombreux obstacles, c’est un véritable marathon doublé d’une course de haies qu’ils doivent remporter pour assurer le renouvellement des populations.

Certaines espèces sont anadromes (ou potamotoques). Ces migrateurs naissent dans les rivières, quittent les systèmes dulçaquicoles pour rejoindre les zones de grossissement en mer, puis migrent pour se reproduire dans les rivières (le homing est le cas particulier d’un poisson qui se reproduit dans sa rivière de naissance). En Loire, les migrateurs anadromes les plus répandus sont l’alose, la lamproie marine et le saumon.

Les espèces catadromes (ou thalassotoques) colonisent les fleuves et rivières pour leurs phases de grossissement et rejoignent les océans pour la reproduction. L’espèce phare du bassin Loire-Bretagne est l’anguille européenne.

Quelques autres espèces effectuent des migrations alimentaires, en fonction des saisons et de la disponibilité de nourritures. Le mulet porc en est un exemple.

Ci-dessous la liste des principales espèces migratrices présentes sur le bassin Loire-Bretagne et valorisées par la pêche professionnelle.

Alose

Deux espèces d’aloses colonisent les cours d’eau du bassin Loire-Bretagne, la Grande Alose (Alosa alosa) et dans une moindre mesure l’Alose Feinte (Alosa fallax). Poisson migrateur anadrome de la famille des Clupéidés (comme la sardine ou le hareng), il se reproduit en eau douce et grossit en mer pendant 3 à 7 ans.

Cycle biologique

Très appréciée des gourmets pour sa chair fine et savoureuse (malgré les nombreuses arêtes), l’alose est pêchée principalement au filet dérivant depuis l’estuaire de la Loire jusqu’à Blois, voire Orléans. Le filet-barrage est la technique de pêche endémique à la Loire pour capturer l’alose pendant sa migration de montaison.

Le suivi scientifique de l’alose en Loire moyenne permet d’obtenir un indicateur pluriannuel sur l’abondance de l’espèce. Plus d’informations ici.

Anguille européenne

L’anguille européenne (Anguilla anguilla) est une espèce à forte valeur patrimoniale. L’anguille européenne est une espèce migratrice catadrome : elle se reproduit en mer (Mer des Sargasses ?) et sa longue phase de croissance (jusqu’à 13 ans) se déroule en eau douce, voire saumâtre (Marais de la façade Atlantique).

Lamproie marine

Mulet porc

Saumon atlantique

Nos collaborations pêcheurs-chercheurs

C’est grâce aux engins de pêche professionnelle et aux savoirs et savoir-faire dont seuls disposent les pêcheurs professionnels que des suivis sur le long terme peuvent être menés à l’échelle du bassin.

Deux grands suivis historiques, pour lesquels l’association peine à les pérenniser, sont connus et reconnus par la communauté scientifique et les gestionnaires, qu’ils soient nationaux, européens ou internationaux.

Celui sur l’alose, initié en 1984 par Catherine et Philippe Boisneau dans le cadre de leurs thèses, permet d’obtenir un indice d’abondance relative des cohortes d’aloses.

Sur l’anguille, plus particulièrement le stade argenté, Philippe Boisneau a convaincu les pêcheurs au guideau de l’intérêt de partager les données de pêche (captures et efforts de pêche). Dès 2001, la station marine de Dinard du MNHN (Éric Feunteun et Anthony Acou) mènent les premières campagnes de Capture-Marquage-Recapture (CMR) pour établir une estimation des flux de géniteurs d’anguille du bassin (BV Loire à l’amont d’Ancenis et hors Grand-Lieu, Erdre, Sèvre Nantaise, Brière, Mazerolles)

  • Indice d’abondance des aloses

Catherine et Philippe Boisneau sont à l’origine du premier suivi scientifique des géniteurs d’alose en Loire moyenne, en analysant les captures au filet-barrage, technique de pêche endémique à la Loire, désormais en voie de disparition (un seul pêcheur installe encore un filet-barrage, dans la région de Saumur).

Ainsi, depuis 1984, en plus de l’évolution des CPUE (Captures Par Unité d’Effort), les données biométriques (longueur, masse, espèce) et les prélèvements d’écailles pour l’ageage viennent compléter les outils de constitution de l’indice annuel d’abondance relative des cohortes.

La mise à disposition de cet indice auprès des services gestionnaires, dont la chronique est ininterrompue tant bien que mal depuis 1984, enrichit les réflexions sur les mesures à retenir dans les différents plans de gestion.

Les 35 années de suivi permettent ainsi de relever 3 grandes périodes. De 1980 à 1997, l’indice présente un niveau faible (0.21) où l’abondance est étroitement liée aux fortes variations de débits, permettant en effet aux géniteurs de franchir les barrages.

En 1998, le barrage de Maisons-Rouges, alors premier obstacle à la continuité écologique sur la Vienne, est arrasé grâce à la mobilisation de nombreux acteurs et le Plan Loire Grandeur Nature. Dès lors, l’abondance est multipliée par 4 (0.93) et est davantage corrélée aux simples variations de débits.

En 2006 intervient la 3ème et dernière phase, pour l’instant, de l’évolution de l’indice. Présentant des valeurs plus faibles (0.39), il reste toutefois deux fois plus important qu’avant 1997. Aucune corrélation n’est en revanche observée avec les effectifs de pêcheurs professionnels qui accusent une diminution lente et progressive.

Un suivi de la dévalaison des juvéniles d’alose est également mené en Loire moyenne.

Il a permis d’enrichir les connaissances sur ce stade peu suivi, notamment sur le régime alimentaire, l’évolution des caractères biométriques au cours d’une saison de dévalaison ou les périodes de migration.

Précisément, en lien avec le changement climatique, les dates de plus en plus précoces des premières observations de juvéniles chaque année de suivi mettent en avant l’impact du réchauffement de l’eau, associé à la réduction des débits printaniers.

  • Estimation des flux d’anguilles argentées

Exemple illustration rubrique

Le bassin de la Loire est le seul en Europe à disposer d’une longue série chronologique portant sur l’abondance des géniteurs d’anguilles (anguilles argentées ou de dévalaison). Initié en 1987 sous l’impulsion de Philippe Boisneau, ce suivi des captures au guideau est un outil indispensable d'aide à la gestion de l’espèce, et à la compréhension du pattern de migration. A chaque saison de pêche (du 1er octobre au 15 février, du lundi 6h au samedi 18h), l’association traite les données de captures de l’ensemble de la flotte autorisée (7 guideaux en 2020), réalise des suivis biométriques (Lt, Pt, critères d’argenture) et procède à des éviscérations de vessies pour étudier la prévalence du parasite Anguillicola crassus.

Les données de captures de quatre pêcheries de référence (entre Montjean-sur-Loire et Ancenis) sont étudiées et analysées par l’Université de Tours pour déterminer un indice annuel d’abondance.

Parallèlement à ce cet indice d’abondance, depuis 2001, plusieurs campagnes de Capture-Marquage-Recapture (CMR) sont menées par la station marine du MNHN de Dinard. En utilisant les guideaux, les pêcheurs professionnels et les chercheurs, dirigés par le Professeur Éric Feunteun, capturent, marquent et relâchent des anguilles. Le nombre d’anguilles marquées recapturées, étudié en fonction du nombre total d’anguilles capturées sur la saison de pêche, permet d’établir une estimation des flux dévalants, en amont d’Ancenis et en période réglementaire de pêche. En 2019, un suivi expérimental de dévalaison ‘post-fermeture’ (du 16 février au 30 septembre) a permis d’obtenir des informations précieuses sur l’apport de ces migrations tardives dans le cortège migrant annuel et sur les conditions hydro-climatiques propices ou non à la dévalaison printanière.

Ces différents suivis permettent également de déterminer le taux d’exploitation de la pêcherie professionnelle en Loire sur la phase argentée de l’anguille (un guideau capte environ 1% du flux dévalant) et ainsi relativiser l’impact de cette activité parmi tous les autres facteurs de pression (discontinuité écologique, pollution, prédation, bouchon vaseux, pêche de loisirs, sécheresse, prélèvements d’eau…).

Mais l’application de la relève hebdomadaire (pêche interdite du samedi 18h au lundi 6h pendant toute la campagne de pêche, soit -28% du temps de pêche), comme imposé par le Règlement Anguille de la Commission Européenne (CE n°1100/2007), a eu un effet direct sur la pérennité du suivi engagé depuis 1987. Pour compenser la perte d’information sur la migration en période de relève hebdomadaire, l’association a porté ce suivi pluriannuel dans le cadre de l’appel à projets migrateurs de la DREAL Centre-Val de Loire avec le financement de quelques nuits, par guideau, de pêches scientifiques de relève hebdomadaire (capture, comptage puis remise à l’eau de toutes les anguilles).

La pêcherie d’anguilles argentées en Loire est la seule en Europe à disposer d’une estimation de flux provenant d’un grand bassin hydrographique. Reconnue par les instances européennes, elle permet d’alimenter et calibrer le modèle EDA (Eel Density Analysis), avec d’autres données de rivières index de plus petites tailles.

Évaluation de l’impact du silure

Déjà en 2006, lors d’un suivi par radiopistage de la migration du saumon en Loire réalisé par l’association LOGRAMI, la présence de plusieurs dizaines de silures a été observée sur quelques sites en Loire et Allier, notamment au pied d’ouvrages de franchissement, ralentissant ainsi la migration des salmonidés, voire l’interrompant définitivement (rapport disponible ici).

Face à l’inertie des services gestionnaires, les pêcheurs professionnels ont été force de proposition pour en savoir davantage sur d’éventuels impacts de ce prédateur sur la remarquable communauté de grands migrateurs en Loire. C’est en 2013 qu’un premier suivi en Loire, depuis Sancerre jusqu’à Nantes, a été orchestré par l’Université de Tours, en profitant des captures des pêcheurs professionnels pour étudier le régime alimentaire des silures sur parcours libre (sur lots de pêche exploités, hors ouvrages), leurs habitats et tenter d’estimer leurs densités (rapport disponible ici).

En 2021, une étude ambitieuse est portée par le MNHN (station marine de Dinard) en collaboration avec les pêcheurs professionnels (AAPPED44 et AAPPBLB), EDF (Centre R&D de Chatou), l’Université de Toulouse (Écolab), l’Université de Tours (CETU et CITERES), l’Université de Rennes1 et l’OFB (UMS PatriNat). Concentré sur le bassin de la Vienne et un ouvrage de Loire moyenne, et décliné en trois volets, ce projet de recherche d’envergure vise une étude intégrée de l’effet des silures glanes sur les populations de migrateurs amphihalins. Des éclairages en termes de comportement, de physiologie, de métabolisme et d’écologie sur cette espèce sont attendus:

  • Analyse de l’impact direct des silures sur les migrateurs amphihalins (prédation) sur plus de 40km de linéaire, y compris les frayères actives et potentielles (utilisation de marque acoustiques de type « prédation »).
  • Amélioration des connaissances sur la population de silures sur le bassin de la Loire (déplacements, métabolisme, comportement alimentaire) par suivi télémétrique pour une estimation qualitative et quantitative de la pression de prédation.
  • Estimation de l’abondance des populations de silures sur le bassin par dénombrements sur différentes saisons et sites.

Chiffres

Suivi des aloses en Vilaine

Sur la Vilaine aussi, les pêcheurs professionnels s’investissent et collaborent avec les scientifiques pour développer les connaissances sur les poissons migrateurs, en particulier l’alose. Avec Bretagne Grands Migrateurs (BGM), l’INRAE et l’EPTB Vilaine (Établissement Public Territorial de Bassin), ils ont, au cours du deuxième semestre 2020, tenter d’en savoir davantage sur le stade géniteur (biométrie, ageage) et juvénile (migration). Cependant, les faibles effectifs échantillonnés jusqu’à présent ne permettent pas d’en tirer quelconque conclusion.

Journées thématiques GEPÊCHE

Des journées GEPÊCHE (Gestionnaires Pêcheurs Chercheurs) à thématique par espèce sont amenées à être proposées aux services gestionnaires et nos partenaires techniques et scientifiques.

Organisée par l’AAPPBLB, la 1ère journée GEPÊCHE Anguille s’est déroulée le 19 septembre 2019 à Montjean-sur-Loire. L’association a accueilli une vingtaine de participants (AELB, ARA France, CONAPPED, DDTM44, DREAL Centre, LOGRAMI, MNHN, Région Centre, SMIDAP, Université Tours et les pêcheurs professionnels au guideau. En matinée, une démonstration de pêche au guideau de l’anguille argentée a été proposée suivie d’une dégustation de produits des pêcheurs de Loire (rillettes, poisson fumé). Dans l’après-midi, la présentation des études en cours (bilan français du repeuplement anguille, suivi de dévalaison de la pêcherie, résultats du suivi post-fermeture et observations des effets du repeuplement) a été suivie de débats riches et constructifs.

Parce que les structures de représentation de la pêche professionnelle (AAPPED) ne disposent pas de ressources financières suffisantes pour autofinancer ces projets, notre association a recours à des subventions pour mener à bien nos suivis pluriannuels reconnus par la communauté scientifique, les Ministères et l’Europe.

En répondant aux appels à projets ‘Migrateurs’ annuels de la DREAL Centre-Val de Loire, nos études, comme toutes celles de LOGRAMI ou d’autres porteurs de projets (MNHN, Université de Tours…), peuvent être financées par l’AELB et le FEDER Loire.

Mais depuis quelques années, le comité de sélection de cet appel à projet, composé de l’AELB, la Région Centre-Val de Loire (service instructeur des fonds FEDER Loire), la DREAL Centre et l’OFB, est contraint de proposer des modifications budgétaires des projets, en raison d’une enveloppe de plus en plus réduite (fin de programmation Pan Loire Grandeur Nature 4) ou d'ajourner quelques suivis dont ceux portés par l’AAPPBLB (Alose et Anguille) pour des raisons ne faisant pas l’unanimité.

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