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GESTION DE L'EAU : Nécessité d'intégrer le DMB mensuel dans la gestion de crise des sécheresses

Note du CONAPPED du 7 décembre 2022

Publiée le vendredi 17 février 2023 à 11h58 dans Actualités

Proposition d’une mesure permettant d’améliorer la gestion de l’eau pour garantir la vie des milieux aquatiques et la disponibilité de l’eau potable.

Le maintien des conditions de vie des diverses espèces qui constituent la biodiversité autochtone de nos milieux aquatiques d’eaux courantes, nécessite des débits variables selon les saisons et les besoins physiologiques et comportementaux des espèces aquatiques (reproduction, croissance, déplacements entre divers habitats…).
Dans la plupart des cours d’eau métropolitains, les débits naturels suivent la forme d’une courbe sinusoïdale, avec par exemple pour le domaine atlantique des hautes eaux allant de l’automne à la fin du printemps et des basses eaux estivales.

Ainsi, des espèces à fortes valeurs patrimoniales et socio-économiques, souvent concernées par des réglementations nationales (brochet) et/ou européennes, comme les poissons grands migrateurs ont besoin de ces variations, indispensables, pour accomplir des phases essentielles de leur cycle biologique. A l’automne et en hiver, le saumon atlantique a besoin de forts débits pour que le panache d’eau douce dans l’Atlantique lui permette de retrouver et de franchir l’estuaire du fleuve où il était né quelques années auparavant, tandis que l’anguille argentée en a besoin pour le quitter en se laissant porter par le courant, pour économiser l’énergie, vers l’océan dans lequel elle devra nager 8000 km, sans se nourrir, pour regagner les abysses de la mer des Sargasses où elle était née il y a bien longtemps pour s’y reproduire, puis mourir.
L’eau douce circule selon 4 dimensions : longitudinale (de l’amont vers l’aval), transversale/latérale (du cours d’eau vers la nappe alluviale en période de hautes eaux et de la nappe vers le cours d’eau en période de basses eaux), verticale (des sols et cours d’eau vers les nappes phréatiques) et temporelle (saisonnalité des hautes et basses eaux).

Aussi, lors d’une saison qui devrait voir des hautes eaux avec des débits élevés, mais dont les débits sont de plus en plus souvent faibles ou très au-dessous de la normale saisonnière, restant toutefois au-dessus des seuils de déclenchement des économies d’eau, les prélèvements se poursuivent sans respect de la saisonnalité naturelle des débits, amplifiant de ce fait les conséquences du manque de précipitations.
Dans ces cas de figure, le maintien des prélèvements, souvent très importants, peut diminuer excessivement le débit des cours d’eau et lisser ses variations, empêchant le fonctionnement écologique normal du cours d’eau dont les fonctions et services à la biodiversité et aux humains risquent de ne plus être rendus, et qui ne le sont plus du tout dans de nombreuses situations.

Ainsi l’appel d’eau douce en mer pour la montaison des poissons migrateurs est-il absent, le courant est insuffisant pour aider les anguilles à regagner l’océan, et les brochets ne peuvent-ils plus se reproduire dans les annexes alluviales asséchées, sans parler de l’échec de la reproduction de beaucoup d’espèces marines qui dépendent de la baisse de salinité de l’eau de mer par les apports d’eau douce (bar, sole, huître, maigre…). La circulation transversale de l’eau entre la rivière et la nappe alluviale n’est plus possible non plus, empêchant la reconstitution des réserves en saison normale de hautes eaux, et annulant de fait le soutien d’étiage normal en eau fraiche de la rivière en période de sécheresse.

Afin d’éviter ces méfaits, il apparaît nécessaire de pallier aux insuffisances d’un seul DMB annuel en fixant un DMB mensuel, pour chaque point nodal, calculé à partir des débits naturels reconstitués pendant une longue période de référence (et jusqu’en 2017 pour ne pas prendre en compte les dernières années anormales). Les différents seuils de débits déclenchant les économies (vigilance, alerte, alerte renforcée et crise) deviendraient ainsi cohérents pour le respect des engagements sur la protection de la biodiversité et de la gestion quantitative de l’eau douce.

Cette mesure est une des seules à même de donner de la résilience aux milieux aquatiques, de garantir le maintien de la biodiversité de ces milieux et de permettre aux humains une sobriété (attendus des Assises de l’Eau) et des économies d’eau réduisant la durée des périodes à risques de rupture d’alimentation en eau (potable et pour les autres activités anthropiques), en améliorant le remplissage des nappes phréatiques (alluviales et profondes).

Ne pas mettre en oeuvre une telle mesure serait reconnaitre l’incapacité de notre société à maintenir les conditions hydrologiques nécessaires au maintien en vie de beaucoup d’espèces aquatiques, dont les poissons grands migrateurs, dont il faudrait alors accepter la responsabilité de l’extinction.

 

 

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